Lorsqu’elle ne surfe pas ou ne mène pas de recherches sur le séquençage génétique, la shapeuse d’origine française partage son expérience du shape.
En semaine, Valerie Duprat passe la majeure partie de sa journée vêtue d’une blouse blanche et d’un équipement de protection individuelle. En tant que scientifique à temps plein, Valerie Duprat effectue des recherches et du développement dans le domaine du séquençage génomique, en modifiant et en analysant l’ADN du lundi au vendredi.
Mais le week-end, Duprat échange son équipement de laboratoire contre un rabot et un masque respiratoire. Elle s’enferme dans le local de shape dans son jardin pour se concentrer sur les planches qu’elle réalise sous son label MereMade Surfboards.
Le nom de la marque est un jeu de mots avec mère, ce sont donc des planches de surf « fabriquées par maman » explique la Française de 51 ans . Duprat, mère d’un fils de 22 ans et d’une fille de 16 ans (dont les photos sont affichées sur les murs de son atelier de shape), a commencé à shaper en 2011, lorsqu’elle souhaitait trouver un moyen de créer un équilibre avec son travail de scientifique.

Mon mari m’a acheté un DVD intitulé Shaping 101 qui montrait toutes les étapes du shape, et je l’ai regardé un millier de fois, se souvient Duprat. Ensuite, j’ai essayé seule dans mon jardin, à la lumière du jour. Cela m’a pris 6 mois pour terminer la planche mais j’ai shapé un shortboard pour mon fils, qui avait huit ans à l’époque. La planche était horrible, mais je la garde comme souvenir de mes progrès.
Avec l’esprit scientifique Valérie est devenue accro. Elle a continué à étudier les rockers, les rails, le concave, etc… Elle a taillé , raboté les pains de mousse et perfectionner sa propre technique lorsque son emploi du temps chargé le lui permettait.
J’avançais à mon rythme et sans aucun soutien réel de quiconque dans le domaine, car c’est aussi un métier très secret, explique Duprat. Cela peut paraître stéréotypé, mais avec un esprit scientifique, très orienté vers l’expérimentation et la résolution de problèmes, cela a probablement aidé mon approche autodidacte . Et la résilience : les scientifiques apprennent d’une expérience ratée.

La trajectoire de Duprat en matière de shape s’est accélérée lorsque
le shaper hawaïen Matt Kazuma Kinoshita l’a invitée à Maui pour étudier ses techniques de shape à ses côtés. Kazuma Kinoshita pratique le shape depuis plus de 35 ans et est connu pour être très ouvert et partager ses connaissances en matière de shape. Il a lancé la tendance selon laquelle il n’y avait pas de secrets dans le shape et il partageait tout, explique Duprat. Je suivais son compte Instagram et je recevais tous les conseils et astuces qu’il partageait. À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de shapers féminins, alors il m’a invitée à venir me perfectionner. Beaucoup de shapers ne me prenaient pas vraiment au sérieux, mais Matt était tout le contraire et je lui en suis très reconnaissante.
Les MereMade Surfboards sont rapidement reconnues notamment pour la qualité du shape et un design de couleurs vives.

Duprat est devenue une experte en shape, en 2021,elle a même participé à la compétition « Icons of Foam » du Boardroom Show avec le légendaire shaper de Dana Point Timmy Patterson . Duprat se concentre désormais sur la construction de boards haute performance pour ses clients. Surtout pour sa fille, Victoria, un surfeuse prometteuse devenue l’année dernière championne nationale de surf des États-Unis, U16 filles. Maintenant que Victoria participe à des événements QS, elle pourrait bien être la seule compétitrice de la sphère WSL à concourir sur des planches shapées par sa mère.

En fait, elle me fait beaucoup progresser car c’est un cycle constant où je fabrique une planche, elle l’essaie et me donne son avis, et nous roulons comme ça, explique Duprat.
Valérie donne également des cours sur le shape au Craft Center de l’Université de Californie à San Diego. Je pense que l’objectif est de transmettre l’art du »fait main »qui pourrait se perdre dans un monde de planches fabriquées en série , explique Duprat, qui est une grande partisane du partage des connaissances.
À une époque où toutes les connaissances sont à portée de main et où nous pouvons obtenir du jour au lendemain tous les outils dont nous avons besoin pour créer quelque chose, Duprat est enthousiasmée par le futur du shape manuel artisanal accessible à tous et à toutes.
Je pense que je suis encore en train d’apprendre. Même les shapers qui font cela depuis plus de 30 ans disent qu’ils sont encore en train d’apprendre, dit-elle. Je pense que comme pour toute forme d’art, on trouve toujours quelque chose à apprendre.