LITTORAL
Le surfeur professionnel Joan Duru a du mal à comprendre que les plages ne soient pas rouvertes, au moins pour la pratique sportive.
« … le surf n’est pas encore autant pris au sérieux que des sports comme le vélo,… »
Sa saison a débuté normalement…en Chine, quand le coronavirus n’était encore qu’un écho lointain. Début mars, au moment où le monde du surf professionnel a été rattrapé par les conséquences de l’épidémie, Joan Duru était en Australie. « On devait partir en Nouvelle-Zélande, mais le circuit s’est arrêté, on est rentrés et on a été confinés tout de suite », explique le Landais, qui tentait alors de reconquérir sa place dans l’élite des 34 meilleurs surfeurs mondiaux, après avoir été relégué en fin d’année dernière. Bientôt deux mois sans la moindre vague à se mettre sous la planche donc, et cela pourrait durer, le Premier ministre ayant exclu, mardi dernier, de rouvrir les plages avant début juin. Depuis, les initiatives se multiplient pour qu’y soit au moins autorisée la pratique sportive individuelle. Sans succès pour l’instant…
« Sud Ouest » Comment vivez-vous cette période de confinement ?
Joan Duru Je suis chez moi à Seignosse, avec ma copine. Ça va, on a du terrain, donc on n’est quand même pas trop mal. On avait plein de trucs à faire à la maison, on s’occupe. Et puis on reste en forme, on fait du sport, c’est bien pour la tête et pour pouvoir être en forme quand on pourra surfer.
Justement, que vous êtes-vous dit quand le Premier ministre a annoncé que les plages ne rouvriraient pas le 11 mai ?
J’espère qu’il va changer d’avis ! J’ai été un peu blasé, je me suis dit que ça allait être long sachant que tous les sports individuels sont autorisés. Nous quand on surfe, on n’est pas du tout collés, donc je ne comprends pas pourquoi, sans forcément ouvrir les plages, il n’est pas autorisé d’y courir ou de passer sans s’y arrêter. C’est ce qu’ils font en Australie, où ça se passe bien. Je crois qu’il y a des photos d’un spot aux États-Unis, avec beaucoup de monde à l’eau, qui a fait polémique, mais ici ce n’est pas comme ça (jeudi 30 avril, le gouverneur de Californie a refermé l’accès à certaines plages prises d’assaut le week-end précédent, NDLR). Les autorités doivent avoir peur qu’il y ait du monde sur les plages, parce que les premiers jours du confinement, quand les règles n’étaient pas encore très claires, il y en avait vachement, et c’est peut-être à cause de ça.
Avez-vous l’impression que les surfeurs sont mal considérés par les pouvoirs publics, ou pas compris ?
Oui, pas compris. Peut-être qu’ils pensent qu’on va tous à la plage, qu’on discute, que ça fait des groupes, alors que, même quand il n’y a pas de confinement, c’est plutốt « on surfe et on rentre chez nous ». Si les gens font attention et qu’ils respectent les règles, ça pourrait bien marcher, mais ils ne savent pas comment ça fonctionne et ils ont peur de ne pas pouvoir contrôler. Ça commence à changer mais le surf n’est pas encore autant pris au sérieux que des sports comme le vélo, par exemple. Mais bon, là je pense que c’est surtout qu’ils ont peur de ne pas pouvoir gérer la situation.
Vous avez d’ailleurs publié sur Face- book un message faisant un parallèle avec le vélo, que vouliez-vous dire ?
Que vu qu’on va pouvoir faire du vélo, et que j’aime bien le VTT, j’allais me lancer dans le vélo (rires !). Il va peut-être falloir que je trouve une nouvelle carrière, surtout que je pense qu’on ne va pas avoir trop de compétitions cette année…
Extrait du quotidien Sud Ouest lundi 04 Mai 2020- Recueilli par Kevin Leroy