Les drones envahissent aujourd’hui l’espace public. Équipés de capteurs en tous genres, ils constituent une menace certaine pour nos libertés et la préservation de l’intime. Mais ils peuvent également sauver des vies, en alertant les secours ou en portant secours à des baigneurs ou surfeurs en difficulté. Pour ou contre, le drone reste aujourd’hui un objet créé par l’homme au service du pire comme du meilleur.
Surfeurs racontez vos expériences et donnez votre avis !
03 Mai 2020 – 9 heures du matin – Légère brise off-shore, vagues 1,5 mètre parfaites.
Il doit il y avoir quelque chose qui relève de la madeleine de Proust avec cette mode des drones. Garçon frêle et timide, je devenais un héros invincible et invisible sur ma console Nintendo pour m’offrir un espace de liberté et échapper à mes parents. Mon destin était tout tracé, j’allais, quelques années plus tard, être respecté et sauver le monde…
Déclenchement de l’opération bulots. Alpha Tango Charly. Repéré trois Surfeurs au nord de la plage du Penon. On va les cueillir. Décollage de drones à 3000 euros l’unité, équipés de haut-parleurs. Comme une volée de palombes, les surfeurs plient les gaules et s’échappent en courant dans la forêt. Repérés par des capteurs de chaleur dont disposent ces soucoupes volantes, filmés et tracés à leurs insu, les surfeurs se feront croquer par la patrouille. L’ordre est enfin rétabli. Mission accomplie. Citoyens français, vous pouvez dormir en paix. Big Brother veille sur vous !
03 Septembre 2020 – 16 heures – Légère brise off-shore, vagues 1mètre parfaites.
Le temps du confinement est passé. Les surfeurs roucoulent sur les plages et se gavent de vagues gouleyantes et sexy. Le spot est chargé comme ces charrettes à billots de foin. L’espace est trop restreint. La tension monte dans l’eau. Une frénésie. Surfeur silencieux et jouisseur, j’étouffe. Mon espace vital est envahi. Les voix montent dans le ciel chargé. Les mouettes s’éloignent en silence. Soudain, un vrombissement me saute à la gorge, agresse ma cochlée (en landais se prononce coquelet) fragilisée par tant d’années passées dans l’eau. Des coquillages ont poussé dans mes oreilles. L’exostose, la maladie des surfeurs dirait Doc Nico. Moi je ne crois pas à cette théorie fumeuse, je pense que c’est plutôt une lente transformation qui opère chez les surfeurs. Bientôt nous aurons des branchies. Parole de Darwin.
Ce bruit métallique est insupportable, indigne, insolent. Derviches tourneurs, ces mouches tentent de capter les prouesses de ces surfeurs en mal d’image. Les pauvres, les mêmes qui passent leur temps à faire des selfies dans des contrées exotiques plutôt que de se rendre disponibles au temps et à l’émerveillement. Respecter le surf, c’est respecter le bruit des vagues, des mouettes et autres volatiles.
Silence, on surfe !
02 décembre 2020 – 14 heures – Glassy 5 mètres.
Personne à l’eau. Impossible de prendre des vagues à la rame. Emmenés par jet, deux toréros se lancent dans l’arène. Un oiseau filme leurs prouesses. Rarement vu des images qui dégagent autant de douceur, de puissance et de plénitude. Moments magiques. Magnifique !
heaven above hossegor from benjamin sanchis on Vimeo.
TIPS SURFEURS MALINS :
– Plutôt que de tirer les drones comme les palombes, dotez-vous d’un brouilleur de Drône UAV pour échapper à la milice (proposition de Frères Alexis « Kalash »)
– Infiltrer des surfeurs dans la gendarmerie pour connaitre les jours et les heures de passage de l’hélico
– Créer un collectif de surfeurs pour se partager les prunes. En finance, cela s’appelle la gestion des risques. Dix surfeurs locaux sur un spot. Parmi eux un surfeur se fait verbaliser. Il paye la moitié (coupable de s’être fait prendre), l’autre moitié est partagé par les copains.
A suivre