LE SURF PRO ATTAQUE LA FALAISE

Un renouvellement nécessaire !

Déjà en difficulté avant la crise, le surf pro paraît bien mal en point. Circuit arrêté jusqu’à nouvel ordre, Lacanau Pro et Anglet Pro annulés. Les entreprises majeures du surf, dont la plupart sont aux mains de fonds de pension américains coupent les budgets marketing et communication et de nombreux surfeurs (et non des moindres) sont priés de faire leurs valises. 
Il est vrai que le circuit WSL souffre de pathologies chroniques avec un manque de vision qui saute aux yeux de surfeurs candides que nous sommes.
Quelques éléments permettent d’éclairer ce triste constat :

– Des difficultés financières chroniques et le milliardaire Dirk Ziff propriétaire de la WSL prêt à se séparer d’une danseuse trop onéreuse en quasi bankrupt ;

– Le patron nouvellement nommé Erik Logan qui a le charisme d’une moule gominée du Middle West dont il est originaire ;

– Quid des contrats engagés en 2020, notamment la marque de tongs brésilienne Havaianas pour deux ans (bizarre ???) ;

– Un format des compétitions sans fighting spirit avec des surfeurs qui attendent la priorité en regardant des panneaux comme sur une autoroute ;

– Plus d’esprit de rivalité entre Australiens et Hawaïens comme à l’époque de Rabbit à Pipeline. Des gendres parfaits ! Tout le monde y est beau, tout le monde y est gentil. Pourtant le surf est l’art de la tauromachie, un art de l’esquive, un art de gladiateurs prêts à mourir au combat pour conquérir la vague. Mais je t’en prie, cette jolie vague est pour toi faite! Vous reprendrez bien un peu de dessert ! Madame est charmante ! Quelle belle maison !
Bref très loin de la réalité du surfeur lambda qui bataille pour trouver la place qu’il mérite au line-up les jours de vagues soyeuses. Quelle époque épique !

– Le spectacle sur internet ne tient pas ses promesses. On s’endort sur l’autoroute. Tout est lisse, les visages maquillés prennent la lumière. Tout incident ou propos excessif est censuré. Pas d’éclats, pas de coups de gueule, vous pouvez vous endormir tranquille devant votre écran. Des commentateurs consensuels gomment les aspérités et arrondissent les angles. Tout le monde est super. Les surfeurs pros sont devenus là, à leur insu, les acteurs principaux du film « The Truman Show ».

Nous les amateurs, on pourra se coucher tôt, l’estomac léger, tendance vegan avec une petite verveine « saveur du soir ». Demain matin, on pourra toujours regarder les replays de nos idoles avant de partir comblés et heureux au travail.

– Les juges sont unanimes. Vous n’entendrez pas une « vole qui mouche ». Chacun a bien compris qu’il ne faut pas d’écart à la moyenne. Il faut du consensuel. Pas d’émotion. 1,2,3, je m’en vais au bois, 4,5,6, cueillir des cerises, 7,8,9 dans mon panier neuf, 10,11, 12, elles seront toutes rouges. C’est peut-être là le problème. Tout est rouge, le même rouge, pas d’arc-en-ciel. Un ventre mou avec ses surfeurs à la mode. Les tendances printemps / été 2020 sont arrivées. Au programme : des couleurs, des imprimés rétro et animal, des coupes audacieuses et des pièces incontournables. En ce début d’année, nous avons surtout aimé le pantalon tailleur de Ramzy Boukhiam qui a remporté en ce début d’année le QS 5000 à Fernando de Noronha au Brésil. Puissance et style, l’oiseau rare !

– Le sponsoring des marques de surf est quasi mort puisqu’ils recrutent soit les stars comme JJF (bien qu’il se soit fait viré de Hurley ) ou Gabriel Médina, prétendants champions du monde, soit des free surfeurs influenceurs spécialistes de zig et de zag ;

– Le big wave surfing également passé à la moulinette. Les séquences montrant les risques mortels encourus par les riders sont censurées par la WSL ;

– Une opacité sur le suivi internet des compétitions où l’on atteindrait à peine 5000 connexions pour de nombreuses séries du top 32. Un chiffre à faire pouffer de rire un supporter landais habitué des derbys rugbystiques saignants entre Dax et Saint-Vincent de Tyrosse, à des années lumières de joutes célèbres entre Bayonne et Biarritz ;

– La perspective des JO, une bien pâle consolation pour les amateurs d’épopées héroïques. La performance sera d’abord celle des commentateurs qui devront faire preuve d’éloquence et d’humour à la sauce Moscato pour captiver leur audience.

SURFEURS RÉVEILLEZ-VOUS !

Libérez Joan et ses congénères surfeurs pros européens étouffés par une organisation moribonde, … Bobby Martinez revient ! Ce n’est tout de même pas pour rien que tu t’es marié avec la fille d’un magnat du pétrole !

Dane passe nous voir plus souvent ! Peter Cook où t’es passé ?  Bon dieu, qu’est-ce que tu fous au Qatar ? Tu nous as bassiné trop longtemps avec ce projet d’un circuit révolutionnaire ! Tu n’aurais tout de même pas renoncé ?  Toi l’australien, qui a du sang de bagnard hérité d’un ancêtre à col blanc irlandais, qui est venu chasser sur nos terres médocaines du côté d’Hourtin, à surfer nos meilleurs vagues et à nous piquer nos plus belles fleurs !

Surfeurs, arrêtez de faire des pompes et de participer à des concours de culturisme.

Arrêtez de soulever de la fonte pour savoir lequel d’entre vous a la plus longue. Peut-être pourriez-vous trouver votre bonheur aux concours à bestiaux au salon de l’agriculture.

Vous les filles, arrêtez de dodeliner vos fessiers et de rivaliser avec vos strings tout en pleurnichant de ne pas être reconnues pour votre surf. Ne faîtes pas les mijaurées, prenez du gras comme Welsey Dantas pour vous envoyer en l’air, …
Le surf c’est d’abord le surf. Le matin, le soir, sans horaire, ni rendez-vous. Sans style, sans artifice, sans édulcorant, sans masque. Pas au supermarché, pas dans les piscines à vagues, ni dans les salles de gym à comptabiliser et mesurer.
Surfez comme vous êtes. Votre style, c’est vous et vous êtes uniques !

Arrêtez de faire appel à n’importe quel expert pour vous expliquer le surf parce que vous angoissez de vos performances. Dans ce cas, consultez un psy pour régler vos traumatismes d’enfance.

Arrêtez de dire, « I’m stoked » devant la caméra chaque fois que vous passez un tour, en expliquant que votre objectif au prochain tour « est de prendre du plaisir » comme vous l’a répété à volo votre préparateur mental. Vous jouez les cools mais vous êtes hyper stressés.

Arrêtez de claimer (lever les bras) à chaque petit pét dans l’espoir de grappiller quelques dixièmes de points auprès des juges. On dirait papa dans l’eau qui fait un petit signe de la main à maman au milieu de la baignade (ou l’inverse) sous la surveillance de maîtres baigneurs attentifs au moindre signe de détresse….

Bon allez, on se relaxe… En fait, il est plutôt pas mal ce petit Saint-Estephe, la Commanderie 2009. Boisé, fruité, léger…. parfait. On vous le recommande !

Je ne veux pas gagner ma vie, je l’ai

Boris Vian 

Par frère Nico et frère Francis