Bonne nouvelle ! Notre surfeur ébéniste landais Gaël de Léon traumatisé par le confinement a retrouvé le sel de la vie. Il nous raconte son Dimanche à la plage. Une itinérance racontée comme un road movie, en liberté sans ponctuation ni règles grammaticales. Trop d’oxygène, de résine de pin et de liberté d’un coup, voilà où ça mène !
A glisser entre toutes les mains !
Comme dans un bon repos dominical, après la messe !!!
Nan, je déconne.( même mort , j’y rentrerai pas…c’est pour dire la vertu que j’ai).
Donc… petit dej à la fraîche, voiture, traversée des pins monolithes pour enfin atterrir dans notre fief …la plage de……tintintin !?!?
Je blague …la Lette !
Joli endroit sauvage entre l’ombre d’une canopée décalottée lançant sa turgescence de vert et l’ocre sucré de la dune.
Tout un sex-appeal cette fantasmagorie…Enfin juste une vue de l’esprit.
Je m’égare !!!
Donc, bardas sous les bras, sac à dos, les enfants encore collés du réveil à la fraîche…grognons, cerveaux façon limace …bref deux de tensions.
Mais on les aime ces loupiots, hein, juste que des fois ils sont mous du bulbe, à vous faire transcender la peau de colère.
Le flegme revenu d’un parent averti, je partage cette beach culture et l’amour de l’océan avec mes enfants, quoi de plus normal, me direz-vous …hein !!
étant nous aussi amoureux de ces lieux si propices, que notre cœur vagabonde rien que dans imaginé les ondes venues de l’autre bout d’ailleurs.
Sur le départ, enfin..direction l’ocre et la senteur suave des immortels des dunes en floraison .
Et là , qu’elle à été ma surprise en déboulant sur le chemin.
Une banderole ….accrochée en bord de dune.
Oui oui, vous avez bien entendu, un drap tendu avec cette inscription.
Liberté
Démocratie
# on n’oublie pas
Tout cela m’a remis quelques mois, jours, pardon heures en arrière.
Dans cette humeur maussade, nauséeuse, emprunt de colère d’être dans un ghetto orchestré, digne d’un état orwellien.
Ce droit , existentiel , universel, dont nous jouissons et que tout le monde devrait avoir l’usufruit.
A mon grand étonnement, placardé ce bout de chiffon n’était pas anodin, la communauté des surfeurs était blessé dans leurs hédonisme.
mes réflexions se dispersaient dans les méandres..de la liberté , tout en continuant à marcher pour accéder à l’objet du désir dominicale.
J’arpentais ces sentiers tordus,
En me disant quand même quand ce moment, cette liberté d’être , de profiter de notre Life style, avait été bien bafouée.
Nous surfeurs mettons sous l’autel de notre pratique, un rapport profond à la nature, puisque nous y sommes plongés régulièrement. Ainsi que cette liberté d’agir, d’action, de pratiquer dans notre complète expression de ce que nous sommes.
Des chevaucheur (s) (euse) (s) d’ondes.
Des amoureux, d’un territoire qui est en dehors du temps, en dehors des règles établies ( ça ne veut pas dire irrespectueux envers les autres), un espace de création pour tous , un espace de plaisir, un espace social et surtout un espace de liberté pour chacun e s d’entre nous.
Quelle bizarrerie cette banderole, produite certainement au fond d’un garage, aux résidus d’un vieux fond de peinture et d’un drap inutilisable, mais écrite avec le pinceau du cœur et l’encre de la colère.
C’est bien la première fois, que je vois l’engagement , la liberté d’expression franchir le col de la nature et des vans dernier cri.
Comme si l’on avait bousculé la, un fondement qu’il ne fallait pas touché.
Je me fais une joie, de cette communication à l’arrache, de la tribu des-nus-pieds-du-cheveux-salés.
On a besoin d’histoires communes, de liens.
Cette épisode virologique en fait partie, il est un élément d’un point de basculement de cette conscience commune.
De cette liberté …perdue..puis retrouvée.
Alors je rêve les yeux ouverts, que cette épisode de dictature, révèle nos consciences communes, pour un avenir avec plus de libertés.
Dans un sens élargie du monde qui nous entoure, de reprendre cause des libertés bafouées de nos frères de sang, qui en ce moment sont biens étouffés, et ça depuis bien longtemps.
Mon arrivée sur la plage, stoppa net mes divagations.
Le swell rentrait avec de belles lignes.
Période de 10 avec des vagues à la série de 1M, je fus ravi du choix de mon longboard, la session s’annonçait prometteuse. Mes enfants sortis de leur torpeur du réveil matinal, excités comme un rémora sur le ventre d’un requin baleine.
Ils partirent rejoindre cette petite gauchette, ayant vu les touffes blondinette de leurs copains, de cette tribu en herbes des-nus pieds-du-cheveux-salés.
Et je choisis, avec ce fort coefficient de marée, cette droite plus au nord, de toute sa bienséance s’enroulerait sur le banc de sable de la baïne lors du descendant.
Les vagues étaient parfaites, un léger vent d’est les rendaient glassy, modifiant leur aspect lorsque celles ci se creusaient, mon iris était collé à cette forme magnifié par les les dardes ardentes du soleil.
Je souriais, content de me gaver de toutes ces vagues, les poissons frayaient , je discutais avec toutes les personnes au pic, j’étais heureux de ce repos dominical, dans le sens du partage, de la convivialité et de la fraternité.
De nouveau cette banderole refaisait surface, dans l’attente des lignes. Laissant mes pensées à contre courant du temps du plaisir et du lâcher prise.
Le mouvement des black live Matter, avec l’assassinat de george Floyd sous le joug d’un état policier armé, tuant leur peuple, rejouant leur ségrégation.
Les ouïghours écrasés, enfermés par la junte militaire chinoise tout ça parce qu’ils ont une autre confession religieuse, et tant d’autres dans le monde, c est bien ça le pire.
Je rêve, que ce jugement de valeur, de ce pigment si anodin suinte sur nos peaux de sel, qu’enfin résonne la véritable identité du mot démocratie.
Démos= territoire/partager
Cratie = peuple, citoyen de la cité.
Et que nous créeront une nouvelle démocratie, ou le colonialisme/ségrégationniste de nos nations, aura le sens du pardon et de la reconnaissance, comme l’a fait madiba en Afrique du Sud.
Mes pensées étaient en effervescence, et je rêvais de nos libertés. On ne possède rien dans le fait surfer, à part de l’iode et du swell, des choses bien immatérielles, pourtant cela suffit à nourrir nos espérances.
A remplir notre cœur, nous donnant ce sentiment d’exister, de vivre libre, en toute complicité avec la nature, et c’est en cela l’essentiel.
Cette simplicité.
Cette simplicité de vivre proche des gens et de la nature.
Alors, je déclare la création d’une non-nation, parce que les patries enferment la diversité.
La création d’une non-communauté, trop clivante.
La reconnaissance d’une tribu,
Celle des nus – pieds – dû-cheveux -salés.
Avec pour étendard des cristaux de sel et pour lieu la terre infinie du mélange du milieu fait d’eau et d’air.
L’IODOCRATIE
Le peuple aux reflets violets.
Le peuple du mélange.
Porteur de ce chant universel,
De liberté,
D’une unité retrouvée.
Que résonne le bruit de l’onde,
Dans ce chant du monde,
Aux confins des steppes arides du désert, des nations liquéfie de liberté.
Que le swell caresse les rochers porteur de varechs d’espérance des peuples insoumis.
Que le sel et le sable remplissent et assèchent les barils stériles de l’avidité.
Je m’échappais , prolixe dans les idées, et mon coeur d’anarcho, semblait trouver un angle nouveau, heureux de cette motivation de la tribu des-nus pieds-dû-cheveu- salés.
Il ne manquait plus que la représentation, la communication, l’outil du faire valoir des idées et de la culture commune.
Surfingvox était ce portail.
La porte d’entrée de nos sentiments communs.
La liberté, la voix du peuple des chevaucheur (s) (e) (es) d’ondes.
Alors, je vous le dit mes frères et sœurs de la tribu,
Faites entendre votre voix
Communiquer, vos coups de cœur, vos colères, vos désirs et vos sentiments.
Vous êtes là vox populi, des-pieds nus-dû-cheveux-salés.
Je sortais de l’eau, le cœur tendre et apaisé d’une belle session de surf entre amis.
Je retournais à mon sac à dos, et je voyais mes enfants jouaient dans le beach Break, ou cian prenait vagues sur vagues avec son hand pad et ses palmes.
Lui l’enfant poisson, qui deviendrait un homo delphinus.
Et Noam le filmait dans ce rêve de cœur de vague, dans l’attente d’être dans ce moment ultime où réside toute la sincérité du surf.
Avec ces semaines écoulées sans pratique, nous étions rassasiés par tant de beauté et de liberté.
L’entraînement n’avait pas encore porté ses fruits, nos corps étaient posés de fatigue et de bien être.
Le soleil commençait à tanner nos peaux, d’un pigment rougeoyant, qui avec le temps finirait par le buriner de la couleur ocre de la dune.
Des images plein la tête, le corps rempli de toutes ces sensations longtemps attendues, nous prîmes le chemin du retour.
En redescendant au parking, je dis à cian.
«- Attend je vais prendre en photo là banderole..
–Pourquoi papa ?
-Je trouve ça bien, que les gens revendique leurs idées.
– c est quoi revendiquer?
– Ben lit, ce qui est écrit.
– liberté démocratie
– revendiquer, c’est réclamer quelque chose dont on a le droit .
– c’est quoi liberté et démocratie?
– la démocratie, c’est partager un territoire avec les gens, c’est normalement le peuple qui gouverne.
– hein, comme nous quoi…!!
– oui, c’est à peu près ça..mais..
–je comprend rien à ce que tu me dis , papa!, tu m’expliqueras plus tard, là je vais récupérer mon bâton et j’ai faim!!! »
J éclatait de rire. Il me regardait et me dit
–« pourquoi tu rigoles ?
– c’est toi qui me fait me marrer mon chéri.
Il me sourit et on se marra comme deux baleines, je pensais qu’Il y’a des réalités bien plus pragmatiques que d’autres.
Mais le chemin était ouvert , propice à la réflexion.Et je savais que cette graine planté, lui l’initié au sable dans les oreilles, à la tribu des-nus-pieds du -cheveux-salés, qu’elle germerait qu’elle prendrait sa place…pour finir.
Comme une racine.
Gaël de Léon
Photo de couverture : Sculpteur italien Giuseppe Penone (photo de couverture) dont le travail remarquable consiste à prendre le temps d’être fleuve, le temps d’être arbre, le temps d’être paysage et « Respirer l’ombre ».
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