En apparence tout est simple avec des règles basiques.
Un surfeur par vague.
Le surfeur le plus inside a la priorité.
On prend les vagues chacun son tour.
Quand on rame, on ne vient pas gêner la trajectoire du gars qui surfe.
La réalité est bien plus complexe.
Il existe un ensemble de règles non écrites qui façonnent une forme d’ordre au line-up.
Pendant que nous attendons une vague, notre cerveau effectue des milliers de micro calculs. On mate à droite et à gauche pour voir si on est en bonne position tout en gardant le regard sur la vague qui arrive.
On tient compte des variables du spot, le courant, les repères et l’alignement par rapport à la côte pour être au mieux pour la zone du take-off.
La variable la plus complexe vient des congénères présents au line-up.
La Faune humaine des surfeurs/surfeuses:
-Speedé/rame aggro. La tête haute, les épaules tendues le surfeur rame comme une bête vers la zone du take-off pour des vagues de 50 cm ! Il respire fort avec des légers grognements, il vous montre qu’il est chaud patate et pourrait dépasser un dauphin à la rame. Quand une vague arrive, il brasse l’eau comme un furieux en tapant des pieds. Il ne regarde personne autour , on dirait un hors-bord à fond les bananes. Si c’est un Longboarder, carrément il pourrit la session pour tout le monde. Les Bodyboarders énervés sont à ranger dans la même catégorie.
-Bavard. Souvent en groupe, ils sont intarissables et parlent pendant des heures de leur manœuvre sur la vague, des spots où ils ont surfé . Ils racontent leurs soirées ,leurs rencontres ou les démélés avec leurs fiancées. C’est pratique car ils bougent peu et servent de repères au line-up. Plutôt mini-malib ou Evo, ils rament parfois pour une vague mais restent sur le haut de la lèvre comme spectateurs.
-Filou. On le repère à son regard, il est silencieux, rapide, plutôt beau gosse. Il vous regarde et maintient le contact visuel. Puis il profite de la confusion créée pour vous faire l’intérieur et vous subtiliser la vague sous le nez . Il a des yeux innocents ,bleu marine ,il est rusé et vous embrouille avec élégance.
-Câlin/Sympa. Il se rapproche gentiment de vous et vous parle avec affection. Tu vas plutôt sur la droite ? Moi aussi. Vague de fête on partage. Plutôt en longboard, il fait passer la pilule pour taxer tranquille.
-Groms. Toujours en groupe et plus près du bord ils ne laissent rien passer. Ils peuvent être au mauvais endroit, au mauvais moment et compter sur le leash quand la série décale.
-Vieux Surfeur. Cheveux gris, il est présent sur le spot dès que l’on distingue le ciel de l’océan. A plusieurs, ils s’encouragent les uns les autres en parlant fort et s’auto-attribuent les bonnes vagues.
-Contemplatif. Solitaire, toujours en boardshort, placé plus au large, les bras croisés, regard vers l’horizon. Il va surfer 1 ou 2 vagues jusqu’au rivage, cool et stylé sur sa planche jaunie.
-Local. Il est agacé par les nouveaux venus qu’il ne connait pas. Il tolère difficilement les autres locaux mais ça passe quand ils ne sont que 2 ou 3. Il a tendance à considérer que c’est toujours son tour de prendre la vague qui arrive. Il témoigne un peu de respect envers le Local ex-pro. Ce dernier n’a pas forcément tiré profit de sa carrière et n’est plus qu’une Légende locale un poil désabusé.
-Gentleman. Une exception. Smart et bienveillant, il fait le show avec discrétion. Très bon surfeur, compréhensif et même encourageant. Toujours le mieux placé, bien à l’inside, mais respecte la règle du tour de rôle et se contente de sa part.
-Dauphins. Ce sont les vrais locaux, présents que sur certains spots. Ils sont les plus cool, les plus rapides et les plus intelligents. De loin les meilleurs surfeurs.
–Surfeurs détestés. Les SUP ou FOIL surfeurs qui évoluent au milieu des autres surfeurs en les ignorant ostensiblement.
-On compatit pour le surfer niveau intermédiaire qui devient suffisamment compétent pour espérer choper une bonne vague de la série.
Il a intégré les règles mais s’attaque au principe de la Méritocratie. Soit gagner sa place au take-off pour ëtre inclus dans le tour.
Si le pack l’apprécie , il peut accéder à une forme de reconnaissance tacite. Bien placé à l’inside et sûr de son take-off, on ne lui braquera pas sa vague.
Le processus d’apprentissage est long et fastidieux. Même avec l’expérience les calculs sont minutieux et les règles des files d’attente peuvent préter à confusion.
Le King Slater reconnait que dans les spots surpeuplés, il n’existe plus vraiment d’ordre établi. On pense à Snapper ou Padang.
Fort de son expérience, un surfeur peut s’adapter partout, à l’exception de certains Spots Médiatiques.
En Europe, vous pouvez oublier Mundaka, certains spots des Canaries ou Le Jardin à Safi. C’est compliqué à Coxos au Portugal et personne ne s’aventure au Boucau depuis longtemps.
Si un local vous demande l’heure, vous lui donnez aimablement. En général il vous dira que c’est le moment pour vous de regagner le bord !
Le soleil n’échauffe que la peau, les passions échauffent le sang !
La triste violence des individus peut dégénèrer pour finir dans le sang.
Quand c’est petit avec beaucoup de surfeurs, l’équipe Surfing Vox a testé pour vous l’option Mousse-Kook-Blaireau.
Il est facile de régresser, d’oublier les pseudo règles, pour surfer dans un consensus général et une bonne ambiance. « Tous ensemble » « Tous ensemble ».
C’est d’une grande simplicité dès que vous avez décidé de surfer une soft-board. Tous les principes de prio sont balayés et vous pouvez rejoindre le spot l’esprit dégagé comme un bon blaireau sympathique.
Vous arrivez et c’est la Chine. Des surfeurs partout même une surfeuse ex Miss-France. Peu de vagues et c’est le grand partage où tout le monde démarre en même temps. La totale anarchie, un spectacle un peu confus. Mais dans la bonne humeur et les sourires. Il faut juste prendre l’habitude de déméler les leashs et les planches mais au moins généralement pas de dégâts.
Au final une bonne leçon de communion où on se fait plaisir. Du bonheur partagé. Un moment de grâce. On apprécie les autres surfeurs sans considération sur leur niveau et les règles sont interprétées librement avec le sourire sans agressivité.
La joie de vivre est une perspective que toi seul dessine.