Le surf de grosses vagues est devenu très médiatique comme les autres sports extrêmes. Les images choc et les séquences vidéo sont spectaculaires. Comme dit l’Hawaien Albee Layer « nos vies sont des appâts à click ».
Pour surfer les grosses vagues il est indispensable d’être au top, physiquement et mentalement. Selon Nic Von Rupp il faut être prêt à courir un risque vital et à encaisser les puissants wipe-outs. Equivalent à être renversé par un semi-remorque puis tabassé par des gars armés de battes de base-ball.
La philosophie est d’embrasser la peur, se préparer au pire et profiter du plaisir intense du surf. Un entrainement intensif de l’esprit et du corps permet de suivre son instinct lors du surf sur la vague. Kai Lenny conseille de ne pas penser mais simplement de ressentir. Beaucoup de travail et une discipline rigoureuse sont indispensables. Se préparer comme un fou. Lorsque l’on est piégé, pas besoin de réfléchir sur ce qu’il faut faire, vous le savez déjà et vous enclenchez le processus de survie. Le processus d’apprentissage au surf de grosses vagues est long et se fait progressivement pas à pas.
Le spectacle du big wave sur le circuit WSL atteint des audiences record pour du surf. Les retransmissions ont eu tendance à éloigner les caméras dans les situations de danger mortel imminent. Les commentateurs avaient des scrupules ne voulant pas céder au voyeurisme et à l’odeur du catastrophisme. De tout temps, l’odeur du sang a attiré le public.
Pourtant cela fait bien partie du spectacle comme dans les jeux du cirque. En février 2020, compétition du Nazaré Tow Surfing Challenge. Alex Bothelho est victime d’un accident de jet-ski où lui et son coéquipier Hugo Vau ont été projetés à plus de 20 pieds en l’air. Bothelho a atterri sur le jet et a perdu connaissance. Il a flotté, sur et sous l’eau, pendant plus de 6 minutes avant d’être tiré sur la plage. Il a fallu plus d’une minute pour le réanimer. Il s’en sort par miracle puis reste hospitalisé pendant 15 jours à Lisbonne .Outre les dégâts physiques Alex révèle ses blessures psychologiques notamment des cauchemars et une peur de l’océan. Il a également perdu ses sponsors.
Bothelho engage une plainte contre la WSL devant un tribunal de l’Etat de Californie. Il allègue que la WSL avait délibérément et frauduleusement sacrifié des mesures de sécurité en particulier en n’engageant pas de maître-nageur sauveteur supplémentaire comme promis.
Selon la plainte, les surfeurs n’ont pris conscience des mesures de sécurité que la veille de la compétition. Les surfeurs ont quand même signé un accord plutôt que de voir la compétition annulée.
La WSL pour sa part répond que Bothelho avait eu accès aux mesures proposées et aux dispositions de sécurité presque 3 mois avant la compétition. Bothelho aurait bien signé son accord 4 jours avant la compétition et aurait eu des mois pour réfléchir aux termes de l’accord.
Après le sauvetage d’Alex les surfeurs ont pris la décision exceptionnelle, sans précédent, de décerner le « Commitment Award » à l’équipe de sécurité et non à un surfeur parmi les concurrents.
La WSL a également affirmé que Bothelho avait reçu des paiements hebdomadaires de plusieurs milliers de dollars en vertu de la police d’assurance WSL et n’a intenté de poursuite qu’à la veille de l’expiration de ces paiements. L’affaire est en attente de jugement.
Big Surf et Big Money ne font pas bon ménage. On salue la sagesse des surfeurs formidables qui deviennent prudents et anticipent la danse de trop.
Ross Clarke-Jones, 55 ans, est lui aussi très handicapé après une grave blessure à la cheville pendant le show télé-réalité « Survivor Australia » . Il a tenté un saut à la corde d’une plate-forme à l’autre mais la corde a cassé entrainant sa chute. Il réclame des dommages-intérêts devant la cour suprême du Victoria, notamment avec l’arrêt de sa carrière de surfeur professionnel sur grosses vagues.
Les sportifs de haut niveau sont forcément vulnérables et se blessent fréquemment. Une opinion répandue parmi les surfeurs est de considérer qu’un pro atteint son objectif si, en 10 ans de carrière, il amasse une somme permettant l’achat d’une maison confortable proche de l’océan.