Née pour surfer

Surfing vox  vous raconte le parcours d’une surfeuse libre, emblématique des années 80  et pionnière du surf français.

Jeunesse

Hossegor des années 77- 80 .

Dans l’eau, impossible de ne pas remarquer une jeune surfeuse talentueuse, Anne Taravet  arrivée du Maroc.

Mince, silhouette à la musculature fine, longue chevelure blonde.

Surtout un regard bleu clair, lumineux et pénétrant, le genre « qui n’a pas froid aux yeux ». Une personnalité très attachante, naturelle, sans aucun artifice.

Anne a commencé à surfer en 72 au Maroc avec les pionniers de l’époque, Fredy Brun, Alain Piar. Ensemble, ils parcourent les côtes marocaines et leurs spots vierges.

La passion  du surf ne la lâchera plus.

Un contre-temps : compte tenu de  la bonne réputation des surfers, les parents l’expédient en Suisse préparer le Bac.

Sur les vagues, Anne Taravet dénote ou plutôt impose le respect.

La taille des vagues ne l’effraie pas ni les manœuvres engagées.

Elle va s’imposer à Hossegor en surfant toutes les conditions avec sa planche twin shapée par Gérard Dabs.

En 1977, première compétition : les Internationaux de France à Hossegor. Anne est la seule fille, inscrite à son insu par un ami.

Le tableau est composé d’Australiens, Américains et les meilleurs Français de l’époque : Dabs, Capdepont, Frank Garrigue, le Bear Greciet, C Bordenave, les fréres D’avezac.

A la surprise générale Anne arrive en 1/8ème de finale après avoir éliminé un paquet de ces messieurs !

 En 1978, Trial de la Coupe de France à Lacanau. Rebelote, seule ondine parmi les boys. Stupeur et tremblement : elle finit 1ére toutes catégories !

Anne va être sacrée Championne de France en 1980 à Saint-Girons plage, village préhistorique et immuable, enfoui dans le sable.

Elle chipe le trophée à son amie Nadège Guillet de Lacanau, plusieurs fois victorieuse (79, 81, 82, 83).

A leurs côtés on retrouve également Cathy Monge de Montalivet (titre France 77, 83).

On n’oublie pas la pionnière Gisèle Bidon. Si , si elle existe : vice championne d’Europe 71.

Gisèle est une fondatrice du Lacanau Surf Club (1968) avec, à ses côtés, Jacques Héle dit « le Grand » et Thierry Organoff, le photographe, dont on taira le surnom glorieux correspondant à son caractère passionné.

Aux Championnats du monde de surf, qui se déroulent en France en 1980, Anne est dans la sélection France. Elle devient vice championne du monde de surf, un exploit, lors de la finale à Lafiténia.

Un regret, elle est battue par Alisa Schwartzein qui aurait dû être éliminée en demi-finale n’ayant pas passé la barre à la Grande Plage. Anne toujours motivée était  au large mais  le jury avait alors annulé l’épreuve.

Chez les hommes le premier Français, Arsène Harehoe, finit cinquième ex-aequo avec Maurice Cole.

Midlife

Son choix de vie lui montre la direction des airs pour favoriser sa liberté et sa passion du surf qui ne s’arrêtera jamais.

Sa vie professionnellle commence à UTA/Air France puis, comme chef d’escale, à AOM. Elle crée ensuite sa propre société d’assistance dans l’aviation d’affaires à Biarritz.

Le monde sera sien ; le Gabon où elle va surfer avec Nadège qui vit sur place. En Namibie où le banc actuel de Skeleton n’était pas encore formé. Sierra Leone, Mauritanie, Mexique et le  voyage  mythique à Hawaii.

A la Réunion Saint-Leu, pas de requins mais un souvenir cuisant des coraux. À Cuba, Anne surfera seule le spot de la Havane.

Plus tard Anne s’installe dans les Landes et passe au longboard en restant fidèle à son shaper et ami Dabs.

Actu

Anne continue à surfer la vague surtout au Portugal, Alentejo, où elle réside souvent.

Pour Anne « le surf est une ode à l’amitié, à la beauté partagée, aux bons moments, à la tranquillité, au respect de l’océan et de la planète. »

« Ils seront seuls sur le line up quand surgira enfin celle qu’ils attendaient, cette onde venue du fond de l’océan, archaïque et parfaite, la beauté en personne, alors le mouvement et la vitesse les dresseront sur leur planche dans un rush d’adrénaline quand sur leur corps et jusqu’à l’extrémité de leurs cils, perlera une joie terrible et ils chevaucheront la vague, rallieront la terre et la tribu des surfeurs, cette humanité nomade aux chevelures décolorées par le sel et l’éternel été, aux yeux délavés. »

Anne est sollicitée par Carolina Amell pour le livre «Nées pour surfer».

Ce livre original, magnifiquement illustré par les photographies  de Camille Robiou Du Pont, dresse les portraits de surfeuses qui expriment leurs liens avec l’océan.

Le livre est un hommage aux surfeuses du monde entier, les championnes et les big-waves rideuses. L’auteur parle aussi des surfing-mamas, shapeuses, photographes ou globe-trotteuses.

Ces personnalités ont toutes l’amour de l’océan et sont les ambassadrices de charme de l’histoire du surf.

Contre le vague à l’âme, les remous et les lames de fond de l’existence : « You can’t stop the waves but you can learn to surf ».

Ce livre, riche d’expériences, célèbre les sensations et sentiments nés de la pratique du surf.

Images du livre » Nées pour surfer » par Carolina Amell

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